La période noire

Posté par: ISSAM RAOUF Dans: Notre histoire Sur: Commentaire: 0 Frappé: 1665

1980

Conscient qu’il avait été un homme de produit et de contact, mais pas un homme de gestion, peu intéressé par les bénéfices, ni autres ratios financiers, Julien fait appel, en 1973, à son fils Michel, lui le diplômé, qui pantoufle dans une multinationale, pour rationaliser une entreprise qui s’est laissée prendre au piège des trente glorieuses, de l’expansion trop rapide, de l’inflation galopante et du crédit facile.

Car les temps ont encore changé et les premiers chocs pétroliers sont passés par là. La rigueur est de mise, les rapports sociaux et bancaires doivent respecter des normes strictes, syndicats et banquiers ne sont plus si affables.

Julien totalement écœuré par l’attitude des banques, passe les rênes à son fils, fin 1979, pour lui laisser le champ libre. Le jour même, il quitte son bureau, où il ne reviendra jamais.

Michel, qui depuis 6 ans, essaie de réduire l’activité aux seuls marchés « rentables », diminuer les charges de personnel, tout en améliorant la productivité, généraliser l’informatique, rationaliser les programmes de fabrication, diminuer les coûts, sans augmenter les prix, rêve de pouvoir redresser le déséquilibre périlleux du bilan, totalement financé par les banques.

Mais à l’aube des années 80, la petite manufacture de chaussures, qui réalise 45% de son chiffre d’affaires à l’export, subit de plein fouet l’effondrement du dollar et du yen, et la perte de ses plus gros clients, pire ceux-ci ne peuvent plus payer leurs factures en cours.

L’arrivée concomitante de l’alternance socialiste amène des tensions sociales, jusqu'alors inconnues et les banques même nationalisées, se détournent définitivement de ces industries de main d’œuvre, jugées trop risquées.

La situation est devenue ingérable. Dès 1981, les banques exigent d’être remboursées de leurs encours, la direction du Trésor les bloque, car elle ne veut pas de casse sociale, mais la direction du Travail refuse licenciements et préretraites.

Face à cette impasse, après deux ans de chaos, Michel provoque le dépôt de bilan fin 1983.

Les préretraites sont aussitôt accordées, le syndicat et le Tribunal de commerce exigent les licenciements.

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